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"For Fatherland’s Facileness"
Black
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Messages : 110
Date d'inscription : 08/03/2016
MessageSujet: "For Fatherland’s Facileness" "For Fatherland’s Facileness" Icon_minitimeVen 14 Juil - 5:02



















For Fatherland’s Facileness

O’Brien installa la table en ferraille au milieu de la pièce aux murs blancs. Il la poussa de sorte à cadrer parfaitement avec 4 carreaux du carrelage, un petit tic qui semblait le suivre un peu partout dans sa vie. Il déplaça ensuite les deux chaises métalliques de chaque côté de la table, sortit sa perceuse, 12 vis, et 12 boulons. Son invité n’allait plus tarder. Cette nouvelle salle de témoignage allait faire des merveilles, il en était certain.

"Installez-vous, monsieur Dawn."
La porte s’était doucement ouverte, et son compagnon pour les prochaines heures était rentré avec un sentiment de peur sur le visage. Les gardes faisaient toujours rentrer les témoins de par eux-même, cela rendait la surprise plus douce, plus spontanée. Dawn s’installa dans la chaise non-occupée et eut le réflexe d’essayer de s’avancer vers la table. Après un coup d’œil expert, il en conclut que sa chaise était fixée au sol.
"Vous savez sûrement pourquoi vous êtes là, monsieur Dawn ?"
"Pas vraiment… Monsieur … ?"
O’Brien laissa échapper un léger sourire. Ils ne le savaient jamais.
"Mon nom n’a pas d’importance. Vous aimez votre Patrie ?"
"Bien sûr, monsieur ! Pour la Paix dans la Patrie !"
"Pour la Paix dans la Patrie."
Cela l’écœurait toujours d’entendre de telles personnes prononcer ces mots. Mais ne pas y répondre le répugnait encore plus. Il laissa passer une minute entière sans dire un mot.
"Nous nous rencontrerons là où il n’y a pas de ténèbres"
"Pardon ?"
"Que vouliez-vous faire lorsque vous étiez petit, monsieur Dawn ?"
"Heum… Je voulais devenir astronaute, monsieur. Mais on ne va même plus sur la lune de nos jours."
"En effet. Que ressentez-vous en ce moment-même ?"
"… Principalement de la peur, si je suis tout à fait honnête."
O’Brien lâcha un nouveau sourire.
"Je vous remercie pour votre honnêteté, monsieur Dawn. La peur, c’est comme un poison, vous voyez. Vous pouvez en consommer ici et là, ce qui est inoffensif, et pourrait même renforcer votre système immunitaire. Mais à forte dose, c’est mortel."
Un long silence s’installa entre les deux hommes, il était même possible d’entendre les ampoules crépiter et les jambes de Dawn frémir. O’Brien donna un lourd coup de poing sur la table métallique, ce qui fit sursauter Dawn, qui poussa alors un léger cri à peine perceptible. O’Brien l’avait entendu, et c’était tout à fait suffisant.

"Qu’est ce qui vous protège de la peur, monsieur Dawn ?"
"Dieu."
"C’est là que vous avez tort. Dieu ne croit pas en vous. La Patrie est le vrai paradis, vous devez juste en être digne."
"Je ne comprends pas…"
"Connaissez-vous l’histoire de la couleur rouge qui voulait être noire ?", il n’attendit pas de réponse de la part de son interlocuteur. "Il existait trois peuples bien distincts au pays des billes : les noires, les rouges, et les vertes. Les noires prônaient la paix, les rouges prônaient la destruction, et les vertes prônaient la neutralité. Seulement, une petite bille rouge en avait marre d’engendrer du chaos partout dans la région, et souhaitait voir comment les choses se passaient dans le pays des noires. Elle s’est barbouillé le visage de charbon et est parti enquêter chez le peuple voisin. Savez-vous ce qu’elle en a retiré, monsieur Dawn ?", l’homme en face de lui semblait perdu, une nouvelle attente fut elle aussi absente. "On l’accusa de blackface et elle a été pendue au marché dès le lendemain."
"Okay…"
"Connaissez-vous la morale de cette histoire ? Je vais vous la dire. Vous pouvez essayer de prétendre d’être ce que vous n’êtes pas, mais tôt ou tard, on saura vous démasquer et vous punir pour cette mascarade."
"Je…"
Un nouveau poing fut aplati contre la table. "Je sais que vous êtes coupable d’espionnage et de sabotage au sein même de la Patrie, monsieur Dawn !" Ses cris raisonnèrent dans toute la pièce.
"Je… C’est pour cela que vous m’avez enfermé pendant des jours et roué de coups ? Vous pensez que je suis un traître ?! C’est absurde ! Monsieur, je… ce n’est pas moi !"
"Ce n’est pas important si c’est vous ou non, monsieur Dawn. Tout ce que nous sommes en train de discuter ne vous concerne pas. Cela ne concerne que la Patrie."
"Vous n’avez pas le droit…"
"Si vous n’existiez pas, M. Dawn, personne ne se soucierait de telles frivolités. Un droit. Dites moi, alors, qui de nous deux est l’homme de trop ?" O’Brien semblait réellement mécontent.
"Je n’ai rien fait de tel !"
"Et la Grande Religion n’est à la tête de l’État que depuis quarante ans ?"
"Je… Oui."
"Faux. Elle l’est depuis toujours."
"Mais, non ! J’étais là lorsque le changement a été annoncé ! Je le sais !"
"Ce que vous savez n’a pas d’importance. La Grande Religion est là depuis toujours. Depuis quand la Grande Religion est présente, monsieur Dawn ?"
"Quarante ans…"
"Depuis quand la Grande Religion est présente, monsieur Dawn ?"
"… Toujours..."
"Vous êtes dérangé mentalement. Vous souffrez d’un défaut de mémoire. Vous êtes incapable de vous souvenir d’événements réels et vous vous persuadez de vous souvenir d’autres événements qui ne se sont jamais produits. Comment vous faire confiance."
"Je veux juste la vérité..."
"Il n'y a pas un seul homme sur cette Terre qui ne soit prêt à renoncer à ses principes pour le juste prix."
"Quel est VOTRE juste prix ?"
"La chute de personnes comme vous, monsieur Dawn."
Un long silence emplit encore une fois la pièce.

"D'où vient ce besoin de vérité, monsieur Dawn ?"
"L'ignorance est un virus..."
"Oh, bien sûr. Et la connaissance est un parasite. Pensez-y. Pour savoir que l'on sait, il faut être intelligent. Est-ce que l'intelligence est vraiment naturelle ? Vous ne pouvez être intelligent sans le travail d'autrui de nos jours. Vous avez besoin de livres, de notions, de personnes à qui en parler. C'est la société qui définit le concept même d'intelligence. Alors pourquoi la société ne définirait pas non plus ce qu'est la vérité ? Au contraire de l'ignorance, ceci dit, elle peut être nocive. L'intelligence rend malheureux, monsieur Dawn. Regardez-vous. Vous savez tellement de choses. Pourquoi ? Quelle utilité ? Votre voisin de pallier est 100 fois plus heureux à être stupide, à faire ce qu'on lui dit sans poser de questions."
"C'est le problème. Aucune liberté. Aucun libre arbitre." Un rire sinistre s'échappa du gosier d'O'Brien.
"Voyons, monsieur Dawn. Ce sont là des concepts inventés. Nous choisissons les personnes d'importance. Il y a exactement huit personnes possédant le pouvoir suffisant pour faire changer les choses dans cette ville. Et vous ne faites pas partie de ces huit personnes. Est-ce que vous seriez enclin à passer deux jours de plus ici afin de satisfaire ces personnes ?"
"Oui…"
O’Brien était satisfait.
"Bien." Il se leva et donna deux tapes contre la porte. Un des gardes lui donna une poubelle avec quelques objets à l’intérieur. Ceci attira l’attention de son interlocuteur.
"Vous avez écrit un livre plutôt controversé, monsieur Dawn, n’est-ce pas ?"
"Heum… Sûrement, oui."
O’Brien posa la poubelle sur la table. Elle contenait de l’essence, une allumette, et un livre.
"Brûlez-le."
"Oui."
Son interlocuteur prit tous ces objets, arrosa le livre d'essence et s'apprêta à gratter son allumette.
"Ma vérité, par Adam Kolak... Mais... Mon nom c'est Dawn ?"
"Bien sûr que non, monsieur Kolak."
"Oh... En effet, non." Il gratta l'allumette et mit feu au livre, qui se consummait déjà dans la poubelle. Un garde vint y jeter de l'eau et la ramena avec lui. Une odeur de brûlé régnait maintenant dans la petite pièce. O’Brien fixait son interlocuteur, qui semblait confus. Cela faisait maintenant douze heures qu’ils conversaient.

"Je vous donne mon arme, monsieur Kolak." O’Brien sortit un pistolet de la garde de sa ceinture et le posa sur la table en métal. "Vous pouvez sortir par la porte si vous le souhaitez, je ne la fermerai pas en partant. Vous pourrez utiliser l’unique balle présente dans ce barillet pour tuer le seul garde dans le couloir. Pour être tout à fait honnête, il s’y attend. Ou vous pouvez faire ce que vous jugez le mieux pour votre Patrie. Bonne chance, monsieur Kolak. Pour la Paix dans la Patrie."
Bien qu’à peine audible, O’Brien put jurer entendre son interlocuteur reprendre ses mots. Il quitta la pièce, sans fermer le loquet. Il sortit une cigarette de sa poche de chemise. Un lourd bang se fit entendre dans le couloir, en provenance de la pièce qu’il venait de quitter. Un sourire satisfait se colla sur son visage.
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